Fascinée par les couleurs, je me suis souvent promenée sur l’aile de leur vibration, funambule de l’éther, à la recherche des chromatismes composant tel bleu, tel rouge…
Il est un couple de couleurs complémentaires que j’affectionne par dessus tout et à propos desquelles, Van Gogh affirmait qu’elles symbolisent les passions humaines : le rouge et le vert.
Essence même de la vie sur terre, premières dans leur intention de faire exister toute forme de vie sur notre merveilleuse planète, le rouge et le vert remplissent tout, sont l’inspire et l’expire, sont le tout.
Deux tableaux-écrits conjuguent leur voix à celle de mes tableaux-peintures.
Pour enseigner à la terre
Le rouge a laissé remonter
Comme un voile
Les racines à nu.
Encore ensommeillées
D’un nocturne voyage
Elles murmurent dans des langues
Que l’on croit méconnaître
Que le cœur reconnait
Que la voix sait peut-être…
Les longs serpents s’étirent
Et l’échine frémit
Les racines ont saigné des rouges si profonds
Des ocres de rocaille
Des jaunes incandescents
Et la rose et la prune
Et le safran sauvage et tout l’or de la terre.
Le sang s’est répandu et n’a cessé de croître
Comme une fleur douceâtre au delà des racines.
Retournées à la terre
Elles s’enchevêtrent et plongent
Et s’enfoncent dans l’oubli d’elles-mêmes
Laissant en chaque être
Les maillons rouges qui se tissent en une trame de vie.
Bien au delà des yeux
Bien en deçà du cœur
S’ouvre l’espace du vert.
Il longe les verticalités
Qui s’élancent à l’assaut des hauteurs.
Vert est le nom de son nom
Plus subtil et impalpable que la pureté de l’air.
Il s’épanche avec chaleur
Confiant de sa puissance
Incroyable naïveté face aux plus froides attitudes.
Souffle chlorophyllé dont nul arbre est avare
Il revêt la parole lorsqu’elle est juste.
Vert, forgé dans les traces mêmes de la vie
Sous la couleur des verts de demain
Tu t’élèves avec la force empruntée à la terre
En des volutes odorantes
Conquérant d’autres mondes
Où le vert bat comme un cœur.
Lorsque le rouge et le vert s’unissent, on est enfin prêt à passer toutes les portes :
Incroyable voyage.
A présent s’élève une porte
Fin, commencement.
Entre la terre et l’éther
Le voyageur sans fin
Cherche les signes…
Traces de son chemin dans la poussière rouge
Dans le murmure du vent dans le vert des arbres
Dans la course des étoiles assoiffées de nuit
Qui échappent aux couleurs, à l’idée de la vie.
Incroyable voyage qui mène d’un désert à l’autre.
De temps en temps une halte, un tumulte.
Une trêve sous l’arbre où le souffle bondit
s’abreuver de silence et du vert de l’oubli.
Et un autre désert
Et les pas dans le sable
dessinent les empreintes de feu d’un précédant voyage
Vers le même, l’ultime rendez-vous.
Hommage à A. Giacometti « L’homme qui marche ».